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LES SABLIERES DE PONT-SUR-YONNE : PROJETS D'EXTENSION
I-Résultats de l'enquête publique concernant les extensions de la sablière aux lieux-dits "les Basses Veuves" et "Ile de Sixte", derrière le silo, côté ville.
Une enquête publique s’est ouverte récemment (du 2 janvier au 3 février 2012) à la Mairie de Pont-sur-Yonne concernant l’extension de la carrière (sablière) exploitée depuis 1990 par plusieurs sociétés, la dernière étant la société MRF - DLB. Cette exploitation est une installation classée (ICPE, installation classée pour la protection de l'environnement)
A ce titre, pour toute modification ou extension, l'exploitant est tenu de présenter une étude d'impact sur l'environnement en même temps que sa demande d'extension A la fin de la procédure et après l'enquête publique, le Préfet se prononce par arrêté.
Le cadre légal des exploitations de carrières a été modifié depuis une vingtaine d’années : on est passé d’un système peu regardant qui a laissé dans les zones exploitées antérieurement d'immenses trous d'eau que même les oiseaux ont partiellement désertés, à un système de permis par parcelles avec conditions strictes d’exploitation, procédures de modifications et compensations.
L'enquête publique qui nous concerne s'inscrit dans ce nouveau cadre. Il s'agit de l'extension de la sablière sur trois parcelles jusque-là inexploitées et contiguës à la carrière actuelle.
Elle concerne 6 hectares de terrains agricoles et forêt alluviale dont l'extraction est prévue "à ciel ouvert, en fouille noyée, à l'aide d'une pelle hydraulique (ou d'une dragueline) ", ceci pendant 14 ans (12 ans d'extraction et 2 ans de remise en état).L'étude d'impact sur l'environnement rédigée par des cabinets d'étude de Besançon et Auxerre, à la demande de la société DLB, nous a été présentée lors de notre rencontre du 2 janvier 2012 avec le commissaire enquêteur.
Il s’agit d’extraire du sous-sol des matériaux alluvionnaires « non renouvelables » déposés par la rivière au cours du temps. Ces alluvions de la basse terrasse de l’Yonne constituent une réserve d'eau superficielle importante, en étroite relation hydrodynamique avec l’Yonne.
Principe de l'extraction de sable (1)
Pour "limiter l'impact potentiel sur la nappe des alluvions" le mode d’exploitation consistera en remblaiements au fur et à mesure de l'avancement des travaux avec divers matériaux inertes et non recyclables dont certains proviendront des chantiers de terrassement de la région. Le tout sera recouvert de la terre arable retirée par décapage au début du chantier.
Après quoi les terrains seront restitués à la culture essentiellement céréalière actuellement pratiquée. Une parcelle de 1210 m2 de forêt alluviale classée sera reboisée à la fin de son exploitation et un boisement compensatoire sera proposé.
Les matériaux extraits, traités par concassage et criblage seront triés puis transportés par "convoyeurs à bandes" jusqu'à la rivière (où se trouve déjà un poste de chargement fluvial) ou chargés sur des camions qui rejoindront les grands axes de circulation vers l'Ile de France.
On apprend dans ce dossier que lors des précédentes extractions, des fouilles archéologiques préventives ont été menées sur le site et ont mis à jour des vestiges. Ces zones demeurent exclues du périmètre d'extraction demandé.
Un courrier du Préfet de la région Bourgogne (DRAC) daté du 11 janvier 2012 est arrivé en mairie de Pont-sur-Yonne relatif aux prescriptions de réalisation d’un diagnostic archéologique préventif concernant les futures extensions.
Le 21 février le commissaire enquêteur Michel Breuillé a émis un avis favorable à ce projet.
II-Nouveaux projets
Il semblerait que d’autres projets d’exploitation de sablières autour de Pont-sur-Yonne, Michery et Gisy soient envisagés qui peuvent faire craindre une transformation du paysage comme celui des environs de Montereau ou de Villeneuve-la-Guyard et menacer l'espace de loisirs que constitue le chemin de halage et ses alentours (terrain de camping, terrains de football et de tennis, étangs de pêche).
Sur le territoire de la commune de Pont-sur-Yonne, le projet de la société DLB semble concerner les terrains situés de chaque côté de la route de la Ferme de la Cour c'est-à-dire plusieurs hectares de terres cultivées. (2)Dans cette grande plaine alluviale fertile située entre Sixte, Michery, Gisy et Pont-sur-Yonne, qui entoure la Ferme de La Cour Notre Dame, on trouve deux Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF), une Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) et trois monuments classés : l’église de Pont-sur-Yonne, la Ferme de la Cour, ancienne Abbaye devenue exploitation agricole, et l’église de Michery (3)
Outre que plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles risquent de disparaître, de nombreuses questions peuvent se poser : de la préservation des milieux naturels et de la nappe alluviale, de la richesse paysagère, de la tranquillité de l'espace de loisirs, et du patrimoine archéologique susceptible d'être identifié.
Soucieux de la vie quotidienne de ses administrés, le conseil municipal de Michery appuyé par les deux associations de défense de l’environnement, Echos-Nature et ACDIM, a rejeté à l’unanimité le projet de sablières sur le territoire de la commune, évoquant le bruit, le passage de nombreux camions, la défiguration du paysage, la confiscation pour plusieurs décennies de terres agricoles, la pollution des réserves d'eau (4)
Nous complèterons cet article au fur et à mesure que des informations nouvelles
nous parviendrontRestons vigilants !
(1) Document extrait de l'étude d'impact de la société MRF-LDB
(2) Compte-rendus du conseil municipal du 29 avril 2011 et 30 mai 2011 qui annoncent ce projet et le vote d'un avenant "qui remplace le contrat du 19/07/2006".
(4) Sources : Jean-Claude Clergial, l’Yonne Républicaine du 20 décembre 2011.
On peut se référer au "schéma directeur des carrières de l'Yonne"
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