• Chemin faisant...une balade dans les collines

     

    «Cheminer, musarder, s’arrêter où l’on veut, écouter, attendre, observer… la marche seule permet cela…cheminer, c’est aussi redécouvrir notre histoire et retrouver nos racines perdues …» écrit Jacques Lacarrière en 1977, au retour d’un voyage à pied  des Vosges jusqu’aux Corbières.

     

    Cheminons donc !..facile ! car la ville de Pont est encore entourée de collines intactes et directement accessibles par les chemins et on peut, sans rencontrer de route (et très peu d’humains) y cheminer longtemps et même parfois s’y perdre !

     

    Partant de l’église, quittant la ville par les Plaisances en direction du couchant, on peut emprunter d’abord un « chemin de brouettes » pentu et bien à l’abri des regards, entre deux jardins, pour accéder au chemin du Moulin à vent. Une croisée laisse à droite le chemin Saint-Vincent qui menait aux vignes, une croix se dressait là, autrefois. D’après l’abbé Horson, «  la piété de nos aïeux avait élevé aux abords de la ville une foule de croix…la confrérie de St Vincent était très nombreuse… »(2) 

    la vallée 

    Le chemin, sec et sonore sous nos pas, continue à travers la forêt de pins pour nous mener, plein ouest, en balcon au-dessus de la route, jusqu’au lieu-dit la Cave au loup saluant au passage deux ânesses. Il dévale ensuite  et traverse, le Chemin des Ladres ou Vallée de Chailleuse, avant de filer droit sur le bois par le Chemin du Paradis. Cette vallée ensoleillée marque la frontière géologique  qui sépare le versant sud calcaire (que nous venons de parcourir) et son cortège d’origans, milleperthuis, centaurées, orchidées et genévriers et le versant nord, zone de sables et de grès, où s’étend la forêt de Chatillon entre Pont, Villemanoche et Champigny.

    C’est le royaume humide des callunes et des bruyères, des blocs de grès dispersés en son cœur, et des légendes qui rôdent toujours en de pareils lieux.

     

    On ne se lasse pas de parcourir dans tous les sens et en toutes saisons ces  chemins multiples, comme l’ont fait, aux temps anciens, les bûcherons mais aussi les itinérants, forgerons, réparateurs de vaisselle, étameurs, fabricants de chaises, charbonniers…L’existence de ces chemins ne doit rien au hasard : depuis celui qui menait à la  vigne à celui du paysan menant son troupeau, depuis le chemin de procession emprunté une fois l’an, au grand chemin transversal qui menait, avant l’invention de la voiture et du chemin de fer, à la ville, au marché, ou plus loin encore ( tel le très large et très beau chemin Alexandre qui traverse le bois entre Fossoy et Pont encore nommé, sur certains anciens cadastres, Chemin de Nemours à Provins).

     

    On retrouve souvent, en cherchant bien, le long de ces parcours, des éléments bâtis (croix, murets, bornes, puits, carrières abandonnées) ou paysagers (vieux arbres, haies de buis, pieds de vigne) qui témoignent du travail et des croyances des hommes au fil des siècles. On y découvre enfin, grâce aux infatigables explorateurs qui parcourent encore obstinément la forêt tout au long de l’année, des roches profondément rainurées, par nos très lointains ancêtres du Néolithique, roches que l’on nomme (à tort ou à raison ?) « polissoirs » .(3)

     

    Témoins de l’histoire locale, partie intégrante du patrimoine,  ils sont précieux ces chemins qui ont façonnés nos paysages et reliés depuis des temps immémoriaux  les hommes entre eux !

     

    *Cette balade a été accompagnée et savamment commentée le 14 juillet 2009  par l'agro-écologue Marc Grollimund et Pierre Glaizal, historien local et spécialiste des pierres de légendes  et des souterrains 

     

     

    (1) Titre du livre de Jacques Lacarrière    Editions  Fayard

    (2) Recherches historiques sur Pont-sur-yonne par l’Abbé Horson    Res Universis paris 1993

    (3) Voir les travaux et articles de Pierre Glaizal dans les numéros 23, 24, 25, 26 du Bulletin de la Société archéologique et culturelle de Pont-sur-Yonne. courriel : sacpy@free.fr

     

    →  quelques photos


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