• ACTUALITES : lettre ouverte aux élus de Pont-sur-Yonne

     A propos du retrait de délégation de Monsieur Emmanuel Poiret

    et de la gestion des lotissements

     

     

     

    A Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les adjoints, aux membres du Conseil municipal de Pont-sur-Yonne

     

    Pont-sur-Yonne le 7 mars 2011,

      

    Mesdames, Messieurs,

     

    Le Conseil municipal de Pont-sur-Yonne a récemment décidé de mettre fin aux délégations de Monsieur Emmanuel Poiret en tant que 4e adjoint. La presse s’est fait l’écho de la décision antérieure de Madame le Maire et des débats qui eurent lieu au cours du dernier Conseil (L’Yonne Républicaine, 29 janvier 2011). D’après le récit qu’en fait la presse, il semble que l’opposition de Monsieur Emmanuel Poiret, alors délégué aux finances, à la "reconduction d’un an du prêt de 900 000€ pour le lotissement du Ravillon 5"  soit à l’origine du retrait de ses délégations. Il estime, lit-on dans L’Yonne républicaine du 24 décembre, « qu’un bon gestionnaire réduit d’abord ses dépenses avant d’augmenter les taxes » et que « la ville ne dégage plus suffisamment d’excédents sur le fonctionnement pour financer une partie de ses investissements ».

    Cette affaire nous donne l’occasion de vous poser plusieurs questions, dans l’espoir qu’une réflexion avancée sur la valorisation de l’environnement à Pont-sur-Yonne puisse voir le jour.

    1. Faut-il continuer à étendre les lotissements ?

    Le principe de la construction continue de lotissements ne semble jamais ouvertement débattu dans le contexte municipal, ce qui est surprenant. Certaines communes ont pourtant renoncé à ce type de projet (Theil-sur-Vanne par exemple) et, pour Pont-sur-Yonne, plusieurs problèmes peuvent être soulevés.

    - Est-il vraiment dans l’intérêt des pontois de voir la zone de lotissements continuer à s’étendre et transformer la ville en une sorte de « ville dortoir », voire un espace accueillant nécessairement les populations chassées d’une Ile-de-France devenue trop chère ? C’est, semble-t-il, la volonté de Madame le Maire qu’elle a exprimée dans la presse (voir L’Indépendant du 17/07/2009, « La commune sur la voie du développement immobilier »). Est-ce un choix dont les pontois sont satisfaits ? Quel bénéfice en retirent-t-ils alors même que ce choix ponctionne apparemment les finances locales ?

    - La construction des lotissements se fait de surcroît au détriment des espaces de jardins entourant la ville et qui contribuent à lui donner un caractère plaisant. La qualité de la vie n’en sera-t-elle pas atteinte ?

    - Enfin, les zones récemment loties l’ont été sur des espaces à dénivellement important. La coupe des arbres et arbustes retenant la terre et l’eau peut faire craindre des phénomènes de ravinement en cas de forte pluie. De même, la construction de voies extrêmement pentues pour rejoindre les maisons fait craindre des incidents en cas de grand froid. N’est-il pas, pour le moins, nécessaire, de réfléchir aux conditions urbanistiques d’installation des lotissements ?

    2. Faut-il financer l’implantation de nouveaux lotissements aujourd’hui ?

    Une des questions fondamentales posée par la récente division du conseil municipal tient à l’utilisation des finances de la ville. Monsieur Emmanuel Poiret semble s’être préoccupé de l’état problématique de ces finances. La construction de nouveaux lotissements doit-elle être une priorité dans un contexte de ce type, et alors même qu’une gestion douloureuse des déchets à Pont-sur-Yonne, pendant des années, fait craindre un coût très important pour la réhabilitation de l’ancienne décharge ? Ne conviendrait-il pas de fixer des priorités ?

    3. Ne faut-il pas mieux réfléchir à la protection de l’environnement à Pont-sur-Yonne ?

    Parmi les réflexions et les engagements qui pourraient être menés ou pris, nous nous permettons d’évoquer :

    - Une nécessaire étude de l’urbanisme et de la qualité architecturale des lotissements, si toutefois le choix politique de Madame le maire devait être confirmé. Il faudrait s’interroger sur leurs conditions d’implantation, envisager de fixer des contraintes architecturales pour éviter des constructions esthétiquement  contestables ainsi que des contraintes en termes de respect de l’environnement dans la construction. C’est d’ailleurs une politique de ce type que prône la Région Bourgogne.

    - Une limitation des zones de lotissements. A cet égard, l’ASEPA insiste sur l’importance de préserver au maximum les zones élevées de jardins et de nature entourant la ville ; de même, il serait nécessaire d’envisager la protection de la zone de la vallée de Chailleuse de toute construction de lotissements, en raison de son intérêt d’agrément et environnemental. Nous tenons à votre disposition un dossier sur cette zone en vue d’un classement qui paraît aujourd’hui essentiel.

    4. N’est-il pas nécessaire d’envisager la création d’une Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) et d’un label Natura 2000 ?

    L’ASEPA a souligné à plusieurs reprises l’intérêt d’une Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (ancienne ZPPAUP) à Pont-sur-Yonne, sans jamais obtenir de réponse. De même, l’ASEPA a régulièrement insisté sur l’importance de préserver la vallée de Chailleuse de toute construction.

    Il serait également très intéressant d’envisager, avec les communes alentours, un classement « Natura 2000 » pour la zone exceptionnelle de la vallée dite « de Chailleuse », située sur une remarquable frontière géologique : le versant nord, « le Gallat » marque la fin du Stampien avec la présence des sables et grés de Fontainebleau, le versant sud, des  « Renardières » aux « Créasses », annonce le Campanien inférieur du Sénonais avec des pelouses calcaires et des Genévriers. On y trouve également un grand nombre d’Orchidées. Cette zone de pelouses sèches et de forêts reliant Pont-sur-Yonne à Champigny puis Villeneuve-la-Guyard, en passant par Villemanoche  recèle, parmi d’autres éléments remarquables, un patrimoine de mégalithes tout à fait impressionnant (dont quelques polissoirs néolithiques découverts récemment). Elle est traversée par un sentier de grande randonnée, le GR2. Un  label « Natura 2000 » a été obtenu  pour un site naturel semblable par la communauté de communes du Sénonais à Saint Martin du Tertre et à Chigy (L’Yonne républicaine, 21 décembre 2010 ;  L’Indépendant, 7 janvier 2011). Il permettrait de protéger cet ensemble et de faire de notre espace autre chose qu’un pis-aller pour des franciliens ne trouvant malheureusement plus à se loger près de la capitale : un espace ayant sa propre valeur.


    En espérant que vos récents débats permettront d’apporter quelques réponses aux questions que nous vous posons et de susciter une prise de conscience environnementale, nous vous prions de bien vouloir agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de notre respectueuse considération.

     

      R. Maison, présidente de l’ASEPA

     P.Verdeau, vice-président

     


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