• LA RIVIERE: Conférence de Jean Luc Dauphin

     

     

    "La rivière et les hommes"

     

    En septembre 2013, Jean-Luc Dauphin, historien, président de la société archéologique de Sens nous a conté dans le cadre de l'évènement "Musiques en voûtes" à Pont-sur-Yonne, la vie tumultueuse de l'Yonne au fil de l'eau et du temps.

     

    "La rivière a très tôt constitué aux yeux des hommes une voie de communication naturelle qu'il fallait exploiter pour le transport des biens et des personnes. Sa maitrise fut l'objet d'une longue aventure. Ainsi en va-t-il de l'Yonne notre fleuve." (1)  

      Car l'Yonne, de nos jours un fleuve tranquille, a vu son cours  maintes fois aménagé, rectifié, apprivoisé. A l'origine existaient de nombreuses îles, bras morts, méandres,  les crues étaient fréquentes et rendaient son lit extensible et très difficilement navigable plus de deux cents jours par an. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que la construction de barrages et d'écluses "à sas" rendit l'Yonne navigable dans les deux sens et toute l'année.

     La rivière fut de tout temps (sauf en période de troubles) un lieu d'intense activité.

    A partir du XIIIème siècle, l'expansion rapide de Paris dont la population s'agrandit

    (pour atteindre 600.000 habitants à la veille de la révolution) suscite d'énormes besoins d'approvisionnement en produits alimentaires (y compris le vin)  et bois de "chauffe et de four".

     Les "voituriers par eau" s'en chargent pour une partie, avec une grande diversité de bateaux de toutes sortes et de toutes formes (marmoys, barquettes,  flutes, margotats) ;

    les produits embarqués proviennent de la production locale : bois du Morvan, vins

    de l'Auxerrois, céréales du Sénonais.

     

    Pour le transport des personnes circulent depuis le XVIIe siècle les "coches d'eau"(2), manière de grand bateau où l'on mène le monde qui est tiré par des chevaux le long du bord de la rivière" (dictionnaire Richelet 1732).

    Ce  sont des  bateaux couverts.

    La "voiture d'eau" est quant à elle spécialisée dans le transport des marchandises. 


    un train de bois -encyclopédie méthodique 1784

    grandtrain2

    Le bois du Morvan est transporté "à bûches perdues" du Morvan à Clamecy puis en "trains de bois",  radeaux reliés entre eux sur 70 mètres de long. Ils permettent le transport de 100.000 bûches en 11 jours de voyage de Clamecy à Paris. Le retour de Paris des "compagnons de rivière" se fait à pied en 4 jours par les chemins de halage.

      Le dernier coche d'eau serait passé à Pont-surYonne au milieu du XIXe siècle, le chemin de fer le rendant désormais inutile ; le dernier train de bois dans les années 1920.

    "Ecoute bien, petit, i flute not' mort !" dira un marinier auxerrois à son fils en entendant siffler le train dans la vallée de l'Yonne en 1850 (cité par Jean-luc Dauphin dans son article sur le coche d'eau des Etudes Villeneuviennes n°42).

     

    coche auxerre
    le coche d'eau d'Auxerre

     Les voyages sur le coche d'eau inspirèrent des récits documentés et pittoresques aux écrivains-voyageurs du XVIIIe et XIXe siècle qui ont emprunté ce moyen de transport (le plus rapide, le plus sûr et le moins onéreux). Restif de la Bretonne (3) puis  Gustave Flaubert (4) furent de ceux-là.

    Ajoutons que le voyage durant quatre à cinq jours d'Auxerre à Paris et quelques jours de plus "à la remonte" laissait du temps et "la porte ouverte à toutes les aventures ..."

      GgCOCHE

    arrivée du coche à Sens (peinture décorative de l'hotel de ville 1789)

     

    (1) Dans l' article de Jean-Luc Dauphin  "au fil de l'Yonne sur le coche d'eau" dans Etudes Villeneuviennes" n° 42 en 2010.

    (2) Jean-Marie Pinçon "orage sur l'Icaunaise"-  un voyage aventureux en coche d'eau entre Joigny et Villeneuve -collection histoire en histoires- publication des Amis du Vieux Villeneuve.

    (3) Restif de la Bretonne " Monsieur Nicolas" .C'est en coche d'eau  qu'il fera son premier voyage avec son père vers la capitale

    (4) Gustave Flaubert   dans les premières pages de l'Education sentimentale, il fait une description pittoresque d'un voyage sur le coche en 1840.

    Maximilien Quantin  "Histoire de la rivière d'Yonne"  (B.S.S.Y. 1885)

    Jacques Dupont sur les flotteurs et les train de bois "la vie quotidienne des flotteurs "  Société Scientifique et Artistique de Clamecy.

     

     

      train de bois

     


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