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Une journée de découvertes patrimoniales multiples
1- Avec Pierre Glaizal une balade en forêt sur les traces du Néolithique
Pierre Glaizal spécialiste de mégalithes a entrainé une quarantaine de personnes de tous âges pour une découverte des très étonnants "polissoirs" néolithiques de la forêt de Villemanoche qui en comporterait une centaine.
Nous avons eu la chance ce matin là d'être aussi accompagné par Alain Villes archéologue et préhistorien qui les découvrait en même temps que le public et qui a évoqué quelques nouvelles hypothèses sur le sens et la fonction de ces "monuments" découverts il y a un dizaine d'années par Pierre et son complice Marc Degaine. Injustement méconnus ils mériteraient un classement au même titre que ceux de la forêt de Vauluisant.
Pierre Glaizal: ses articles
la balade en forêt du 31 aout 2013
les polissoirs du canton de Pont sur Yonne
sa bibliographie2-Avec Alain Villes une visite commentée de l'église Notre-Dame
Conservateur en chef du patrimoine et préhistorien, bien connu des pontois, il vient pour la troisième fois
nous parler de
l'église Notre Dame. Il a, comme toujours réuni un public passionné , certains venus de loin pour l'entendre.
Il a rappelé que Notre-Dame de Pont-sur-Yonne a été construite sur le modèle de la cathédrale de Sens, présentée comme la « version miniature » de cette première cathédrale gothique dont les travaux commencèrent entre 1130 et 1140.
La première campagne de travaux de l’église de Pont-sur-Yonne se situe entre 1162 et 1169. De nombreux détails permettent de supposer que le même architecte est à l'origine les deux édifices.
Une église carolingienne existait déjà
à cet endroit, laquelle avait peut-être elle-même succédé à une église plus ancienne encore. On peut penser que l’église antérieure à Notre-Dame de l’Assomption était dédiée à St Etienne tout comme la cathédrale de Sens. En effet, on suppose que la statue de St Etienne, située au dessus du portail Sud, est une statue de réemploi, dernier vestige de l'église ancienne.Le plan du XIIe siècle n’a jamais été modifié, la construction de Notre-Dame de Pont-sur-Yonne s’est poursuivie sur plus de deux siècles. Entre 1169 et 1525, l’histoire tumultueuse de la région avec l’appauvrissement qui s’en est suivi, conduit à un ralentissement des travaux : la nef, les bas-côtés, le portail et la tour clocher ne seront terminés qu’en 1525, date qui figure sur une des clés de voûte.
La statue de la vierge adossée au trumeau a résisté, on ne sait comment, depuis le XIIIe siècle, à la tourmente des guerres et aux intempéries. La légende prétend qu’elle fut toujours protégée par les habitants qui l’ont, à certaines époques, fermement défendue, cachée, peut-être même plâtrée, pour la soustraire au vandalisme. Des traces de peintures d'origine sont encore visibles sur sa robe et sur le socle sculpté de feuilles de vigne. On sait qu'au Moyen Age,tous les édifices religieux étaient peints intérieur et extérieur de couleurs vivesAu-dessus de la vierge, le linteau est soutenu par deux petits personnages agenouillés, l’un en habit civil, l'autre en habit religieux.
La tour-clochertermine l’église par le Sud et la domine de sa flèche d’ardoise. Comme tous les murs extérieurs, elle est en grès sombre ce qui donne à l’ensemble une impression austère et rustique. Pourtant il ne s’agit pas d’une église fortifiée. Les blocs de grès ont été choisis de préférence au calcaire blond de la façade pour leur plus grande résistance.
La fresque du jugement dernier
Elle se trouve dans le bras sud du transept, face Est. Elle date du XVe siècle probablement commanditée en 1450 par le seigneur de Pont St Gilles, Philippe Thibaud en même temps que le tombeau familial monumental, construit sous la fresque. Très rare, malheureusement en très mauvais état, elle mériterait une restauration en urgence sous peine de disparaître en quelques années.
Alain Villes, Conservateur en chef du musée d'Archéologie de Saint-Germain-en-Laye auteur d'un livre sur la cathédrale Notre Dame de Reims;
Enregistrement de la visite de l'église de Pont-sur-Yonne proposée par A.Villes en 2010.3- Avec le Taunus Quartett un premier moment musical
LeTaunus Quartett est issu de la rencontre de quatre jeunes musiciens de la Music Hochschule de Mayence, tous venus d'horizons différents. Ils ont souhaité participer au festival Musiques en Voûtes à la suite de leur rencontre avec le Quatuor Manfred lors d'une masterclass à Mayence en décembre 2012.
Composé de musiciens originaires de trois continents: Alexander Sachs, violon, originaire du Canada, Maria Müller, violon, originaire d' Autriche, Jasmine Beams, alto, originaire d'Amérique du Nord et Shirin Tashibaeva, violoncelle, originaire du Kirghistan ; ils ont partagé leur passion avec le public en interprétant le Quatuor en ut mineur de Schubert n°12D.703 puis le Quatuor en sol majeur
opus 76 n°1 de
Haydn.
4- Avec Jean-Luc Dauphin : la rivière et les hommes
Jean-Luc Dauphin, historien, président de la société archéologiques de Sens a relaté, avec un vrai talent de conteur, la vie tumultueuse sur l'Yonne au fil du temps.
"Toute rivière a très tôt constitué aux yeux des hommes une voie de communication naturelle qu'il fallait exploiter pour le transport des biens et des personnes. Sa maitrise fut l'objet d'une longue aventure. Ainsi en va-t-il de l'Yonne notre fleuve." (1) .
Car l'Yonne, de nos jours un fleuve tranquille, a vu son cours maintes fois aménagé, rectifié, apprivoisé. A l'origine existaient de nombreuses îles, bras morts, méandres, les crues étaient fréquentes et rendaient son lit extensible et très difficilement navigable plus de deux cents jours par an. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que la construction de barrages et d'écluses "à sas" rendit l'Yonne navigable dans les deux sens et toute l'année.
La rivière fut de tout temps (sauf en période de troubles) un lieu d'intense activité .
A partir du XIIIème siècle, l'expansion rapide de Paris dont la population s'agrandit
(pour atteindre 600.000 habitants à la veille de la révolution) suscite d'énormes besoins d'approvisionnement en produits alimentaires (y compris le vin) et bois de "chauffe et de four".
Les "voituriers par eau" s'en chargent pour une partie, avec une grande diversité de bateaux de toutes sortes et de toutes formes (marmoys, barquettes, flutes, margotats);
les produits embarqués proviennent de la production locale : bois du Morvan, vins
de l'Auxerrois, céréales du Sénonais.
Pour le transport des personnes circulent depuis le XVIIe siècle les "coches d'eau"(2), seuls bateaux couverts destinés au transport de voyageurs, la "voiture d'eau" étant spécialisée dans le transport des marchandises.
un train de bois -encyclopédie méthodique 1784Quant au bois du Morvan il est transporté "à bûches perdues" du Morvan à Clamecy puis en "trains de bois", radeaux reliés entre eux sur 70 mètres de long qui permettent, en une fois, le transport de 100.000 bûches en 11 jours de voyage de Clamecy à Paris, le retour de Paris des "compagnons de rivière" se faisant à pied en 4 jours par les chemins de halage.
Le dernier train de bois serait passé à Pont-sur-yonne dans les années 1920 et le dernier coche d'eau au milieu du XIXe siècle à l'arrivée du chemin de fer.
"écoute bien, petit, i flute not' mort !" dira un marinier auxerrois à son fils en entendant siffler le train dans la vallée de l'Yonne en 1850.(cité par Jean-luc Dauphin dans son article sur le coche d'eau des Etudes Villeneuviennes n°42 )
Un train de bois pour Paris de passage à Pont-sur-Yonne le 17 juin 2013
le coche d'eau d'Auxerre
Les voyages sur le coche d'eau inspirèrent des récits documentés et pittoresques aux écrivains-voyageurs du XVIIIe et XIXe siécle qui ont emprunté ce moyen de transport (le plus rapide, le plus sûr et le moins onéreux). Restif de la Bretonne (3) puis Flaubert (4) furent de ceux-là et Jean-luc Dauphin sut nous faire profiter de quelques-unes de leurs croustillantes anecdotes..
Ajoutons que le voyage durant 4 à 5 jours d'Auxerre à Paris et quelques jours de plus "à la remonte" laissait du temps et "la porte ouverte à toutes les aventures ..."
arrivée du coche à Sens (peinture décorative de l'hotel de ville 1789)
(1)dans l' article de Jean-Luc Dauphin "au fil de l'yonne sur le coche d'eau" dans Etudes Villeneuviennes" n° 42 en 2010
(2)Jean-Marie Pinçon "orage sur l'Icaunaise"- un voyage aventureux en coche d'eau entre Joigny et Villeneuve -collection histoire en histoires- publication des Amis du Vieux Villeneuve.
Maximilien Quantin "Histoire de la rivière d'Yonne" (B.S.S.Y. 1885)
Sur les flotteurs et les train de bois "la vie quotidienne des flotteurs " de Jacques Dupont, Société Scientifique et Artistique de Clamecy.
5-Avec le Quatuor Manfred et leur invité Raphaël Oleg, alto,
LE GRAND CONCERT
CHERUBINI, Quatuor à cordes en fa M n°5
BRUCKNER, Quintett à deux altos en fa M
Nous remercions le Quatuor Manfred à qui nous devons cette "folle journée"
Nous remercions les jeunes musiciens du Quartett Taunus
Merci aux trois conférenciers Pierre Glaizal, Alain Villes et Jean-Luc Dauphin
Merci aussi à l'équipe technique :
Laure et Stéphanie à l'organisation
Philippe et François aux manettes (sons et lumières)
Enfin nous remercions les quatre photographes qui ont "couvert" l'évènement : Jean-Paul Brulé, Jean-Louis Delahaut, Maurice Fournier et Jean-Michel Lecomte
Qu'aurions-nous fait sans eux ?
le 04/10/2013
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