• HISTOIRE du VIEUX PONT (4) - Un plan de 1736

     

     

     

    Lecture commentée d'un plan levé le 9 Août 1736
    représentant le pont et la rivière Yonne

     

     
    Les commentaires d'Elisabeth CHAT permettent d'imaginer l'aspect du premier pont de pierre à la fin de sa construction en 1701.
     

     

    le pont redim.                                                                     
                          

    Nous disposons d’un superbe dessin 1 daté de 1736, représentant le pont et la rivière à Pont-sur-Yonne, et de sa  légende explicative2 Ce croquis confirme notre hypothèse d’un premier pont entièrement fait de « pierre » pour franchir l’Yonne au cours capricieux que nous ne lui connaissons plus.

    Quatre arches principales et une plus petite sous le moulin, du côté de la ville composent le pont de 1700, contrairement aux huit arches visibles sur une carte datée de 1749  et sur les cartes postales du XXe siècle. En amont, une grande île dite Grande Ile du Domaine  3, sépare la rivière en deux bras principaux dont un seul est navigable, mesure 30 toises de largeur4et varie de 3 pieds à l’entrée du canal à 8 pieds de profondeur sous les arches5. Ce partage naturel des eaux est renforcé en amont par une « vieille digue 6»  que l’Hôtel de ville de Paris s’est appropriée depuis 1712 jusqu’au point de séparation des deux bras de l’Yonne, balisé pour la navigation par des poutres plantées dans la rivière, appelé Les  pieux Boureaux et qui indiquent aux bateaux le canal de la navigation. En aval, la Grande île du Domaine est prolongée par une digue formée de terre et de pieux7qui se termine au pont par un perron de pierre, dont on apprend qu’ils ont été établis « aux dépens du roi, quand on a fait tout à neuf le pont de pierre ». Ces digues, sensées protéger le canal réservé au moulin sont en 1736, en mauvais état et, menaçant ruine, mettent en péril le canal du moulin et le moulin lui-même, voué à la disparition8.

    Le canal de navigation est bordé d’un quai de pierre sur la rive droite où nous voyons la poterne qui conduit au chemin de Sens et de Bray et au prieuré Notre-Dame. Il est divisé en deux sens de circulation figurés par deux arches du pont : l’arche des montants est réservée, comme son nom l’indique, au passage des bateaux qui remontent le courant ; c’est le chenal de la rive droite, du côté du chemin de halage, appelé ici le chemin de tirage des bateaux, afin que chableur et maître des ponts puissent plus aisément faire manœuvrer les embarcations à l’approche du pont. Dans le fil de l’eau, flettes9 coches  et autres vaisseaux passent sous l’arche des avalants, au cours de manœuvres moins compliquées.

     


     

    1 - grâce aux recherches de l'ASEPA
    2 - Archives nationales CP/N/III/Yonne/24. La légende consiste en un rapport précis de l’état de la rivière et du pont en 1736. Ce plan est-il préalable à la construction partielle (de nouveau 2 arches de 12 toises chacune) du pont par Germain Boffrand en 1738 ? (Base d’ouvrages en service ou construits au XIXe siècle, accessible sur la Toile).
    3 - Dont le vocable plus récent est l’île d’amour, aujourd’hui complètement disparue (mais  que l'on peut encore voir sur les cartes postales des années 1950
    )
    4 - De 50 à 55 m, environ.
    5 - Le pied étant de 30 cm environ, cette profondeur varie d’à peine 1 m à 2, 50 m

    6 -I ndiquée sur le dessin en BBBB.

    7 - Indiquée sur le dessin en PPP.

    8 - Il est noté sur la carte de 1749 endroit où était le cy-devant moulin.

    9- Bateaux circulant exclusivement sur l’Yonne, la Marne et la Seine.

     

    Une plus petite île, dite du Bied occupe depuis 1711 le deuxième bras de la rivière, le bief du moulin, d’une largeur de 20 toises. Une oseraie y est cultivée par les bailleurs à ferme du Domaine, vraisemblablement à la recherche de gains depuis que le roi, financeur des travaux du pont, s’en arroge tous les droits afférents. L’entretien de l’île a engendré la formation de bancs de sable qui engorgent et ralentissent le cours d’eau et entravent l’usage du moulin. On note aussi que tout passage à gué semble avoir alors disparu.  Seule subsiste sur le plan anonyme de la ville daté de 1684, l’indication de la porte du bac dont on peut penser qu’elle y donnait accès. Il faut donc imaginer l’Yonne, au moment de l’édification du pont de pierre, un peu moins encombrée que ne le représente ce dessin.
    A  observer cette carte, on constate que les hommes de Pont se sont efforcés de maîtriser l’insolence du cours irrégulier de la rivière, que ce travail a été laborieux et coûteux, en argent comme en vies humaines.
    La difficulté et l’importance des travaux projetés par les architectes expliquent-elles la durée du chantier du pont, de 1687 à 1701 ? N'est-ce pas plutôt le manque de finances dû aux dépenses immodérées générées par les guerres de la fin du règne de Louis XIV, ou peut-être les deux ?

    A VOIR aussi sur ce blog:
                                          
    Histoire du vieux pont de pierre (1)
                                         
    Histoire du vieux pont: les bâtisseurs (2)
                                          
     La naissance d'un pont de pierre (3)


     

     

     

  • Commentaires

    1
    Jeudi 29 Mai 2014 à 12:35
    Site remarquable.
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